Pourquoi je n'ai pas scolarisé Clémence
La question qu'on me pose le plus souvent c'est "pourquoi ne pas avoir scolarisé Clémence ?"
C'est vraiment la question ou plutôt la réponse qui intéresse le plus souvent mes interlocuteurs.
La scolarisation n'est pas obligatoire en France, c'est l'instruction (de 6 à 16 ans) qui est obligatoire. Les parents ont le choix de l'instruction de leur enfant. Si ça vous intéresse, je peux vous expliquer toutes les obligations administratives qu'il faut remplir pour scolariser son enfant à la maison.
Quand nous avons eu le diagnostic de Clémence (en aout 2001), Clémence avait seulement 26 mois et n'était pas scolarisée. Dès son diagnostic, j'ai mis en place l'éducation structurée à la maison avec des séances de travail en face à face, des séances d'imitation, des séances de jeux (façon Son Rise), des activités de jeux et de manipulation (façon Montessori). J'ai commencé à m'informer et à me former à l'autisme et aux stratégies éducatives (lecture, vidéos, formations chez Edi, contact avec d'autres mamans). Les deux années qui ont suivi le diagnostic, j'ai passé énormément de temps à lire tout ce que je trouvais sur l'autisme, sur le handicap, sur le unschooling. J'ai visité tout un tas de sites, surtout des sites canadiens, et ça m'a conforté dans mon choix.
Tout s'est mis en place naturellement, ça me convenait bien et ça convenait bien à Clémence. Et puis, il y avait tant à faire, tant à apprendre... Comment aurions-nous trouver le temps (et l'énergie !) d'une scolarisation ?
Nous avions déjà une bonne organisation à la maison, je n'avais pas envie de tout changer alors que tout se passait si bien. Je n'ai fait aucune démarche pour inscrire Clémence à l'école.
La scolarisation à la maison, c'est vraiment la liberté. On travaille à notre rythme, avec les supports qui nous conviennent, dans l'ordre qu'on veut et comme on l'a décidé. C'est vraiment extra pour Clémence parce que je peux utiliser ses centres d'intérêt, privilégier une matière en mettant de côté ce qui lui plaît moins à ce moment là. J'ai par exemple consacré énormément de temps à la lecture de 5 à 8 ans, j'ai mis le graphisme de côté pendant de longues années.
Avec la scolarisation à la maison, on s'enlève le stress des évaluations, des interrogations, des devoirs à la maison, des leçons à apprendre et à réciter. Clémence a l'opportunité d'apprendre à son rythme, de m'interroger, de chercher la réponse dans son cours. Clémence a le droit de se tromper, ce n'est pas sanctionné. Clémence a l'occasion de poursuivre l'apprentissage d'une notion tant qu'elle n'est pas acquise, on peut même revenir en arrière s'il le faut et autant de fois qu'il le faut. C'est vraiment du sur-mesure. Je dis souvent que l'école à la maison, c'est de la haute couture !
Comme Clémence est à la maison, je peux aussi consacrer du temps à l'autonomie personnelle et domestique. Elle participe à l'élaboration des repas, à la lessive, elle fait les courses avec moi...
Je travaille avec Clémence pendant que sa soeur est à l'école (comme ça, elle ne se rend pas compte de tout le temps que je consacre à sa petite soeur). Je suis donc disponible quand Lucile rentre de l'école pour ses devoirs, pour passer du temps avec elle. Cela me permet vraiment de gérer mon temps au mieux, pour un bon équilibre familial !
Si je n'ai pas scolarisé Clémence, c'est vraiment pour lui permettre de travailler de façon individuelle et individualisée. Je ne regrette pas mon choix, Clémence a énormément progressé depuis ses 2 ans. Elle ne me paraît pas différente des autres enfants autistes qu'elle côtoie au sein de son groupe de socialisation chaque vendredi, elle n'a pas davantage de difficultés de socialisation. La seule chose qui lui paraît peut être difficile, c'est de lever le doigt pour parler, mais bon, on ne fait ça qu'à l'école !
Généralement, une fois que j'ai expliqué pourquoi je n'avais pas scolarisé Clémence, on s'inquiète de sa socialisation. Et bien je répond que sa socialisation va bien, que nous ne sommes pas coupés du monde parce qu'elle ne va pas à l'école. Les enfants ne sont pas scolarisés en juillet et aout, ni pendant les 8 semaines de vacances au cours de l'année, ni les week-end, ni les mercredis, ni les jours fériés, ce qui fait quand même près de 235 jours chaque année ! Personne ne se soucie de la non-socialisation des enfants au cours de ces 235 journées, et bien, j'ai juste augmenté ce temps à la maison !