Difficultés dues à l'autisme
Clémence n'a pas toujours bon caractère et, pour que les séances se passent bien et qu'elles soient fructueuses, sa psychologue référente a pensé qu'il était désormais nécessaire que Clémence prenne part aux décisions concernant les activités proposées.
Depuis plusieurs semaines, Clémence a donc abordé avec son éducatrice, lors de ses séances individuelles, toutes les difficultés qu'elle rencontre en ce qui concerne le contact avec les autres, la communication et son mode de pensée. L'objectif est de mettre en lumière ce qui coince pour y trouver des solutions.
Le contact avec les autres :
Clémence rencontre beaucoup de difficultés dans ce domaine mais en concertation avec son éducatrice, elle a choisi de s'intéresser à trois difficultés :
* Je ne comprends pas toujours pourquoi les gens se comportent comme ils le font.
* Parfois, je préfère être seule. (Clémence a souvent besoin d'être seule et elle aime ça. Elle nous demande souvent de la laisser pour lire, écrire dans son journal, bricoler... Elle a vraiment besoin de ces moments).
* Je ne parviens pas à m'arrêter à temps, par exemple lorsque je fais des blagues.
La liste proposée à Clémence comportait de nombreuses autres difficultés rencontrées par les jeunes avec autisme (me faire des amis est difficile, garder des amis est difficile, je n'aime pas les gens qui me touchent, je suis parfois agaçant involontairement...), mais Clémence ne les a pas sélectionné. Comme l'objectif est qu'elle participe activement à sa rééducation, n'ont été retenues que les difficultés qu'elle a reconnue avoir.
La communication :
Là aussi le support utilisé par son éducatrice listait de nombreuses difficultés (je ne comprends pas toujours ce que les autres veulent dire, j'épouvre des difficultés à commencer un dialogue avec autrui, je ne laisse pas toujours les autres s'exprimer, je parle souvent du même sujet...).
Voilà les trois difficultés sélectionnées par Clémence :
* Je parle trop bas ou trop fort (Clémence ne parle jamais trop bas, mais elle a tenu à garder la proposition dans son intégralité !)
* Je n'arrive pas bien à écouter (Quand plusieurs personnes discutent, Clémence comprend parfois de travers ce qui est dit. C'est dans ces moments-là que nous avons l'impression d'être avec le professeur Tournesol. Mais étant dans une famille où de nombreuses personnes sont malentendantes, moi la première, ça passe tout seul. On en rit souvent !).
* Je comprends souvent littéralement ce que disent les autres.
Mode de pensée et d'action :
Dans ce domaine, Clémence pouvait cocher quasiment toutes les propositions de la liste ce qui l'a un peu démoralisée. Il était donc difficile de faire un choix parmi toutes ces difficultés (je suis attachée à certaines habitudes, je deviens inquiète dans des endroits inconnus ou lors de situations inconnues, souvent je ne sais pas ce que je dois choisir, certains sons me dérangent, j'aime savoir à l'avance ce qui va se passer, je suis attachée à mes habitudes, j'ai un intérêt particulier auquel j'attache beaucoup d'importance...).
Clémence a donc dû sélectionner trois difficultés.
* Je n'aime pas les changements soudains
* Je m'énerve si quelque chose ne fonctionne pas
* Je trouve très important que les choses soient justes et correctes
Après avoir élaboré ces trois listes de difficultés, Clémence les a classées pour obtenir son "Top 3" (une difficulté dans chaque domaine) :
1. Parfois je préfère être seule.
2. Je trouve très important que les choses soient justes et correctes
3. Je parle trop bas ou trop fort.
Ce n'est pas les difficultés que nous, adultes, aurions privilégiées, mais c'est la rééducation de Clémence et elle a bien le droit de choisir ce qu'elle veut travailler.
Voilà ce qu'a écrit son éducatrice dans son porte-vues :
"Travail très positif. Clémence participe et pose des questions par rapport aux difficultés inhérentes à l'autisme. Dès que nous abordons une difficulté, nous cherchons une solution. Du coup, Clémence aborde davantage de difficultés puisque les solutions l'intéressent".
Cet exercice a permis à Clémence de mieux comprendre l'autisme et de comprendre pourquoi elle venait à InPacts. Son comportement à l'association est bien meilleur ! Je crois qu'elle n'avait jamais réalisé qu'elle venait à Toulouse pour y trouver de l'aide et pour progresser. Elle n'a plus d'ennemi comme c'était le cas jusqu'à maintenant. Elle est plus agréable pendant les séances, râle moins quand on lui fait une remarque, ne fait plus l'andouille pendant les moments sérieux.
Cet exercice me permet de comprendre pourquoi je fais 300 km tous les mercredis et combien cela est positif pour Clémence !